Chez Jérôme Dupuy, tout commence par le geste. Son travail se construit autour d’une « chronologie du mouvement », une répétition du trait jusqu’à ce que la forme trouve sa signification. Le dessin devient un processus méditatif, presque hypnotique, où l’artiste se laisse guider par son inconscient.

Chaque œuvre naît ainsi d’une exploration du vide, d’une volonté de l’habiter, de le rendre vivant.

Son univers, à la fois contemporain et expérimental, témoigne d’un besoin constant de remplir, de structurer et de révéler l’espace. Les formes émergent librement, sans plan préalable, jusqu’à ce qu’un équilibre subtil s’installe entre chaos et cohérence.

Ce qui fascine Jérôme, c’est cette tension entre le vide et le trop-plein. Il s’inspire de l’horror vacui (la peur du vide en latin)  pour construire des compositions d’une densité saisissante.
À travers la concentration du détail, l’artiste cherche à instaurer un véritable dialogue avec le spectateur.
Plus on s’approche, plus de nouvelles formes, figures et textures apparaissent, invitant à une contemplation prolongée. « Mon souhait est de provoquer un moment suspendu, où le spectateur se perd dans l’image et où seul le moment présent existe. »

Le travail de Jérôme Dupuy s’inscrit dans une lignée surréaliste assumée. Il cite M. C. Escher parmi ses références majeures, pour sa rigueur géométrique et ses jeux d’illusions fractales.
Il admire également H. R. Giger pour sa vision biomécanique du surréalisme, ainsi que Zdzisław Beksiński, dont la densité graphique et l’imaginaire presque apocalyptique résonnent fortement avec son propre univers.

Ces influences nourrissent chez Jérôme une fascination pour la complexité du dessin et pour les mondes intérieurs qui se construisent à travers le trait.

Dans son travail, l’artiste affectionne particulièrement le doodle, une forme de dessin libre et automatique, sans contrôle ni intention préétablie. Armé de feutres fins et de Posca, Jérôme trace, hachure, superpose, jusqu’à trouver un équilibre visuel qui lui semble juste.
La plupart de ses œuvres sont en noir et blanc, un choix qui met en valeur la puissance du trait et la clarté du geste.

Mais Jérôme Dupuy confie vouloir peu à peu introduire la couleur, pour explorer d’autres nuances émotionnelles et expressives.

Pour l’artiste, l’art est un exutoire, une manière d’exprimer ce qui ne peut l’être autrement. « Toutes les idées qui m’habitent ne pourraient s’exprimer autrement que par le dessin. » Il perçoit l’art contemporain comme un terrain d’expérimentation où l’idée prime souvent sur la forme — mais il reste attaché à la puissance visuelle.

« Une image forte parle parfois mieux qu’un long discours. » 

Ce qui compte pour Jérôme Dupuy, c’est le ressenti du spectateur, ce moment de bascule où l’émotion prend le pas sur la compréhension. Dans sa vision du monde, l’artiste voit dans la création une mission simple : faire rêver. « Les artistes sont le moteur de l’imagination du peuple. »

C’est avec cette conviction que Jérôme avance, dessin après dessin, dans une quête d’authenticité et de liberté. Son rêve ? Partager son univers avec le plus grand nombre, exposer dans des galeries, et pourquoi pas, un jour, recouvrir les murs d’un vaste espace de ses doodles, en performance directe.
Une manière de donner corps à son mouvement intérieur, d’habiter l’espace et le temps — encore, et toujours.