Pour nourrir cette démarche introspective, Mathias puise son inspiration chez les grands maîtres de l’histoire de l’art, ceux qui, comme lui, ont creusé inlassablement le même sillon pour développer une vision unique. Alberto Giacometti est une influence évidente dans sa recherche de formes allongées et de répétition obsessionnelle, que ce soit dans ses dessins, ses sculptures ou ses portraits. « Il a retravaillé perpétuellement les mêmes sujets de ces corps de plus en plus longilignes, des portraits de son frère Diego, en créant une œuvre unique », note Mathias.

Cette réflexion sur la répétition, la persévérance et l’exploration d’un même sujet à travers différents médiums se retrouve également chez d’autres artistes qu’il admire, comme Mark Rothko et Pierre Soulages, qui ont eux aussi travaillé inlassablement vers un même horizon créatif. Ces influences ne sont pas de simples références, mais des guides dans la quête personnelle de Mathias, chaque œuvre marquant une étape supplémentaire de ce cheminement artistique.

Bien que Mathias Revon ait exploré diverses techniques, il s’est finalement concentré sur un outil qu’il considère à la fois minimaliste et fondamental : la plume et l’encre de Chine. Ses œuvres naissent d’un geste répétitif, une succession de hachures fines qui viennent peu à peu recouvrir la toile et révéler des volumes et des textures. « C’est comme si je tissais l’œuvre », dit-il pour décrire ce processus lent et méditatif. À travers ce geste quasi-rituel, il ne cherche pas à contrôler le résultat final mais à se laisser surprendre par l’apparition de formes imprévues.

Pour lui, l’accident est une composante essentielle du processus créatif. Une coulure d’encre, une forme inattendue, ou parfois un simple retournement de la toile peuvent transformer radicalement l’œuvre en cours. Cette démarche témoigne d’une ouverture totale au hasard, à l’accident, à ce que la toile révèle d’elle-même. « Il arrive souvent que je commence un tableau en format portrait et qu’il finisse en format paysage, et inversement », confie-t-il. Ce dialogue constant entre le geste de l’artiste et la réaction du médium donne lieu à des œuvres qui semblent vivantes, en perpétuelle évolution.

La série des Météographies est sans doute la plus représentative de la démarche de Mathias. Ce terme, qu’il a lui-même inventé, désigne une exploration des phénomènes graphiques à travers un geste répétitif. Si la météorologie est l’étude des phénomènes atmosphériques, les météographies, quant à elles, s’intéressent à la cartographie de mondes graphiques inexplorés. « Un peu comme un sismographe qui prend le pouls de la terre », explique l'artiste.

Les œuvres de cette série sont à la frontière de la figuration et de l’abstraction tout en laissant une grande part d’interprétation au spectateur. Cette série en noir et blanc, où le contraste joue un rôle central, invite à une plongée dans l’inconnu, un voyage intérieur où chaque détail devient une fenêtre ouverte sur une autre dimension. « Les formes qui apparaissent donnent à voir des paysages inexplorés, des mondes microscopiques, organiques et des phénomènes encore inconnus ».

Mathias Revon a une vision très claire de l’art contemporain, qu’il perçoit comme un espace de liberté totale, affranchi des contraintes et des dogmes. Pour lui, l’art contemporain ne se limite pas à une approche conceptuelle de l'art, mais représente un univers où chaque artiste peut proposer une vision unique du monde.

« Il est tellement polymorphe que chaque artiste a sa place et chaque spectateur peut trouver l’œuvre qui touchera sa sensibilité », affirme-t-il.

Il considère l’artiste comme un médiateur, une personne capable de retranscrire une vision personnelle, technique, esthétique et conceptuelle. « La mission de l’artiste est de proposer une vision du monde originale », résume Mathias. C’est cette ambition de créer une œuvre à la fois accessible et singulière qui guide son travail, dans lequel chaque toile devient une fenêtre vers un monde nouveau qu'il appartient au spectateur de découvrir.

Mathias Revon ne se repose jamais sur ses lauriers. Après avoir exploré les possibilités de l’encre de Chine, il souhaite développer d’autres séries d’œuvres, avec de nouvelles techniques comme la gravure. Toutefois, il précise que ces nouvelles recherches nécessitent encore du temps pour arriver à maturité. En parallèle, il aspire à présenter son travail au public à travers des expositions, que ce soit dans des musées, des galeries ou chez des collectionneurs privés, des lieux qu’il affectionne particulièrement. « Quel que soit le lieu, j’espère avoir la chance un jour de faire une exposition rétrospective », confie-t-il, avec l’espoir de pouvoir montrer l’évolution de son travail depuis ses premières expérimentation dans l'objectif de montrer les différentes étapes de sa recherche sur les météographies.

Mathias Revon est un artiste dont l’œuvre ne cesse de grandir, de se transformer, à l’image de sa quête intérieure. Ses Météographies, fruits d’un travail minutieux à l’encre de Chine, nous plongent dans des mondes abstraits, entre terre et ciel, microscopique et macroscopique, où chaque trait révèle un fragment de l’âme. À travers sa recherche perpétuelle, il nous invite à voir au-delà de l’horizon visible, à découvrir des paysages encore inexplorés.