Ce qui frappe d’emblée dans le travail d’Olivia Freydier, c’est cette volonté de transcrire l’émotion

dans son état brut, sans l’enfermer dans un récit ou une forme figée. Ses compositions semblent

vibrer, oscillant entre lyrisme et contemplation. Si ses gestes rappellent parfois l’énergie débridée

d’un Pollock ou la densité chromatique d’un Rothko, ils se distinguent par une recherche

d'équilibre subtil entre contrôle et spontanéité.

Olivia ne cherche pas la beauté formelle, ni l’évidence figurative. Son ambition est d’ouvrir des espaces de perception, des zones de résonance où la lumière et la couleur s’interpénètrent. À

travers cette approche, ses œuvres se situent dans la lignée de l’expressionnisme abstrait, tout en

intégrant des influences contemporaines marquées par l’œuvre onirique de Hayao Miyazaki ou les

textures viscérales d’Ian Rayer Smith.

L'artiste travaille principalement l’acrylique, une matière qui lui permet de capter l’instant avec

fluidité et spontanéité. Les glacis superposés créent des effets de profondeur, tandis que le

dripping et les aplats de couleur viennent structurer l’espace pictural. Chaque toile sembleOli

construire une tension entre la transparence et l’opacité, entre le geste et l’accident, comme si la

surface devenait le théâtre d’un combat intérieur.

À l’instar de Pierre Soulages qui faisait jaillir la lumière du noir, Olivia exploite les contrastes pour

créer des dynamiques visuelles, refusant de s’attacher à une palette prédéfinie. Ses choix

chromatiques, loin d’être arbitraires, sont dictés par l’émotion qu’elle souhaite capturer. Elle laisse

ainsi la couleur surgir comme un jaillissement d’affects, une intuition subite qui oriente le cours de

l’œuvre.

La singularité d’Olivia Freydier réside dans sa capacité à ne pas se laisser emprisonner par sa

propre démarche. Son processus est en constante mutation, passant du croquis à l’œuvre finale

en traversant des phases d’expérimentation pure. Cette méthode, à la fois instinctive et réfléchie,

lui permet de préserver la vitalité du geste et d’explorer sans cesse de nouvelles combinaisons

formelles.

Le projet actuel de l’artiste, intitulé "Voyage", constitue une série où la notion de parcours intérieur

se mêle à celle du déplacement physique. Ces œuvres, pensées comme des fragments d’errance,

interrogent la manière dont les souvenirs et les sensations se réinventent à chaque étape de la

création. Prévue pour 2026, cette série s’installera idéalement dans un espace lumineux et ouvert,

propice à la contemplation et à l’immersion.

Ce qui définit véritablement Olivia Freydier, c’est sa capacité à faire de la peinture un espace de

réflexion sensorielle, un territoire où le spectateur est invité à projeter sa propre mémoire. Chaque

toile agit comme un miroir trouble, où l’on distingue moins les formes que les échos d’une

émotion éphémère.

À travers cette quête plastique, Olivia Freydier nous rappelle que l’art n’est pas seulement un acte

de création, mais une manière d’habiter le monde. En se confrontant aux limites de la perception,

elle nous propose une expérience esthétique qui dépasse la simple contemplation pour devenir

un appel à la résonance intérieure.