

Alain Delanneau

Dessin
Style :
Figuratif/Onirique
Situé à :
Châteauroux
Infos :
Dessinateur et Photographe
Alain Delanneau, né à Châteauroux en 1953, appartient à cette famille d’artistes pour qui le dessin n’est pas une discipline préparatoire, mais un art total. Chez lui, le trait devient langage à part entière — un souffle contenu, un murmure persistant, qui donne forme à l’invisible. À travers une pratique méticuleuse, ancrée dans le noir et blanc, il explore les contours de l’émotion, les empreintes de la mémoire et les formes d’une géométrie sensible.
Le dessin est son territoire. Une feuille blanche, une idée fugace, et commence le processus : un lent tissage de lignes, une composition qui émerge progressivement, couche après couche, trait après trait. Loin de la spontanéité du geste, son œuvre procède d’une rigueur méditative. Chaque encre, chaque point, chaque vibration du papier devient un acte de résistance face au chaos du monde.
Delanneau ne cherche pas à représenter la réalité : il en propose une relecture subjective, nourrie par ses ressentis, ses révoltes et ses rêveries. Ses dessins portent la trace d’une indignation face à l’injustice, aux violences de la guerre, à l’inégalité ; mais ils offrent aussi un refuge poétique, une architecture intérieure faite de cubes, de formes pures, de structures énigmatiques. Sa main guide l’œil à travers des paysages mentaux, des constructions presque métaphysiques, où l’émotion affleure dans chaque silence du blanc, dans chaque densité du noir.
Son univers, résolument graphique, se situe quelque part entre l’onirisme des surréalistes et la précision quasi mathématique d’un Escher. Parmi les figures tutélaires qu’il revendique, on retrouve Dalí, Magritte, Picasso, mais aussi les explorateurs de mondes paradoxaux. Il partage avec eux ce goût pour l’ambiguïté, pour la tension entre rigueur formelle et débordement symbolique.
Travaillant à l’encre de Chine avec des stylos techniques (notamment le Rotring), Alain Delanneau cultive une esthétique du contraste, du dépouillement, et de l’intensité. Le noir et blanc est ici un choix plastique, mais aussi philosophique : c’est dans cette économie volontaire des moyens que se révèle toute la richesse du sensible.
Son art interroge, propose, déplace. Loin des discours théoriques, il engage une parole visuelle directe, vibrante. Il fait du dessin un espace de pensée, un lieu de mémoire, une arme douce mais incisive. Pour lui, l’art contemporain est un outil d’éveil, une sortie des sentiers battus, un vecteur de transmission émotionnelle. Il se projette aujourd’hui dans une exploration des formes géométriques et du volume, avec toujours cette volonté de relier abstraction et humanité.
Son exposition idéale ? Un lieu en marge, un espace à réactiver — friche industrielle, usine désaffectée —, qui résonnerait avec les lignes brutes et poétiques de son œuvre. Là, dans cette tension entre passé industriel et création contemporaine, ses dessins trouveraient un écrin à la hauteur de leur densité intérieure.
Alain Delanneau ne dessine pas ce qu’il voit, il dessine ce qui le traverse. Ses traits sont des veines, ses formes des battements. Il est de ces artistes qui, humblement, redonnent au dessin ses lettres de noblesse : celles de la patience, du silence et de la puissance.